Les technologies numériques au service des musées

par | Juil 13, 2022 | Technologie

Les innovations digitales exercent une forte influence sur notre façon de consommer et de communiquer… L’introduction des réseaux sociaux, des messageries comme Whatsapp, du cloud, de l’e-banking, des paiements électroniques avec des applis mobiles comme TWINT par exemple ont bouleversé notre quotidien.

Les innovations numériques changent également la donne pour les espaces culturels, notamment les musées. Elles proposent de nouvelles manières de présenter les collections, de partager le savoir, en offrant une nouvelle expérience au grand public, plus interactive, ludique et immersive. L’utilisation de dispositif numériques en complément, voire à la place des dispositifs traditionnels lors d’exposition contribue à enrichir l’expérience des visiteurs.

À l’ère du numérique, les musées cherchant à se moderniser, à changer cette image de loisir « ennuyeux » qu’ils invoquent chez une partie du public et qui peut les tenir à distance, à attirer un public plus jeune, peuvent compter sur différents genres de dispositif numériques pour présenter leurs collections. Certains ont déjà fait leur preuve depuis longtemps, comme les écrans utilisés lors d’expositions afin de présenter des informations ou des vidéos en lien avec un objet exposé, et d’autres font depuis quelques années seulement peu à peu leur apparition au sein des musées, comme la réalité augmentée ou la réalité virtuelle.

Numérisation des collections, application mobile, visite à 360°, réalité augmentée, réalité virtuelle… voilà une partie de la panoplie des technologies numériques à disposition des musées pour diffuser le savoir d’une autre manière, attirer un nouveau public et engager davantage les visiteurs.

Numérisation des collections

La numérisation des collections et leur mise en ligne n’est pas une méthode récente, cependant elle reste l’un des moyens les plus simples pour attirer l’attention en rendant les collections accessibles à un plus grand public.

Les personnes en situation de handicap, celles vivant dans des régions trop éloignées pour faire le déplacement ou simplement celles qui n’ont pas pour habitude de se rendre aux musées, peuvent découvrir depuis leur salon différents objets ou œuvres mis à disposition sur les plateformes des musées. Cette technologie permet donc aux musées de s’affranchir des frontières, pour partager avec un plus grand nombre le savoir qu’ils renferment et susciter davantage d’intérêt.

En outre, la diffusion numérique des collections est également un bon moyen de faire découvrir au public des objets bien trop fragiles pour être exposés.

Ecran, jeu et application

Autre méthode déjà courante depuis déjà de nombreuses années, l’installation écrans tout au long des expositions permettant de présenter des vidéos, comme des interviews ou des documentaires, en lien avec les objets exposés.

Les vidéos présentées apportent des compléments d’information sur les collections et donnent ainsi la possibilité au public d’acquérir un plus grand savoir. Les images mouvantes attirent généralement plus facilement l’attention, particulièrement pour le public plus jeune, qu’un paragraphe de texte figé sur un panneau.

Autre utilité, des écrans interactifs peuvent être utilisés de manière à présenter une réplique numérique d’un objet à l’écran, permettant aux visiteurs de l’étudier plus en détail.

C’est ce qu’a mis au point par exemple le Musée d‘Histoire de Marseille en 2013 avec l’œuvre d’art « La Prédication de Marie Madeleine ». Au sein du musée l’œuvre est présentée sur deux supports, le tableau original étant exposé sur un mur du musée, tandis qu’une réplique numérique du tableau est affichée sur un écran, installé juste en face du tableau original. La représentation numérique se superpose à l’œuvre réel. Les visiteurs peuvent manipuler l’écran afin d’étudier le tableau grâce à une application. Ils accèdent à des informations de base sur le « Prédication de Marie Madeleine », mais peuvent surtout naviguer sur le tableau et zoomer sur les éléments qu’ils sont curieux d’examiner plus en détail. L’application donne la possibilité aux visiteurs d’explorer l’œuvre à leur guise ou de le faire selon plusieurs pistes d’études intégrées dans l’application, qui font ressortir certains éléments du tableau en particulier.

Cette méthode enrichit l’expérience du public en lui proposant une autre façon de percevoir une œuvre d’art et de lui apprendre plus sur son histoire en étudiant les éléments qu’il contient, son style, etc.

Plus couramment, au sein des expositions des bornes interactives peuvent être installées afin de donner la possibilité aux visiteurs de jouer à des jeux en lien avec le thème de l’exposition, par le biais de boutons ou autre objet à manipuler ou d’un écran tactile. Il peut s’agir par exemple de quiz, de puzzles, de jeux de memory.

Désormais, les visiteurs peuvent aussi accéder à des jeux par le biais d’applications mobiles sur leur smartphone, leur tablette ou des appareils mobiles fournis par le musée. Par exemple, ils peuvent accéder à des questionnaires les menant à effectuer diverses recherches au sein de l’exposition afin de répondre à chaque question et éventuellement de pouvoir participer à un tirage au sort pour remporter un prix.

L’avantage d’une application mobile par rapport à une application sur borne fixe est qu’elle évite la file d’attente pour accéder aux jeux, source de frustration, en particulier pour les enfants… et les adultes qui les accompagnent.

Réalité augmentée

Les applications mobiles combinées à la réalité augmentée amènent avec elles des possibilités encore plus intéressantes pour les musées.

Ce qu’on appelle « réalité augmentée » se définit comme la superposition d’une représentation numérique, c’est-à-dire une couche 3D ou 2D, à la réalité. La réalité augmentée associe principalement :

  1. Un appareil équipé d’une caméra, comme un ordinateur, un smartphone ou une tablette.
  2. Une application installée sur l’appareil.
  3. Du contenu numérique venant se superposer au réel, que ce soit du contenu textuel, des images, des vidéos…
  4. Un marqueur, comme un QR-code pouvant être décodé par l’appareil afin de générer les contenus numériques, ou une illustration servant de repère visuel déclenchant l’apparition du contenu une fois détecté par l’application.

La réalité augmentée offre plusieurs possibilités : il peut être par exemple question de rajouter des couches d’information qui apparaitront sur l’écran d’un smartphone lorsqu’on scanne un marqueur. Ces informations peuvent être des informations textuelles, des vidéos ou encore des animations.

Cette méthode est un excellent moyen de fournir des compléments d’information à ceux qui souhaiteraient en apprendre plus sur un sujet ou un objet. Il rend le savoir plus accessible en offrant des explications plus détaillées sans pour autant venir alourdir l’exposition « physique » avec un trop plein d’information.

Autre possibilité : faire apparaître un objet 3D, soit par-dessus un objet physique de la collection, soit dans « l’air ».

Un des exemples les plus connus du premier cas est l’application Skin and Bones du Musée National d’histoire naturelle de Londres, rendue disponible en 2015. Cette application que les utilisateurs téléchargent sur un Iphone ou Ipad leur permet d’accéder à différentes informations ainsi qu’à plusieurs activités liées aux spécimens exposés au Musée, mais aussi de visualiser via leur appareil photo des modèle 3D de spécimens exposés. Par exemple, en dirigeant leur appareil sur le squelette d’un spécimen, les visiteurs peuvent visualiser un modèle 3D de l’animal vivant.

Autre exemple, en 2014, le Musée d’Art et d’Histoire de Genève a développé une application permettant de visualiser une reconstitution 3D d’un fragment de la sculpture antique « Achille et Penthésilée » présente dans l’exposition.

Le visiteur n’a qu’à ouvrir l’application sur l’Ipad fournit par le Musée puis viser le panneau explicatif destiné à cette expérience virtuelle pour voir ensuite apparaître la reconstitution de la sculpture.

Les musées d’art peuvent aussi se servir de la réalité augmentée pour animer les œuvres de leur collection.

Par exemple, en 2017, le Musée Albertina de Vienne a créé une application pour smartphone faisant découvrir aux visiteurs des animations audio et vidéo lorsqu’il pointe leur appareil sur un tableau de leur exposition.

Réalité virtuelle et visite à 360°

La réalité virtuelle va plus loin que la réalité augmentée puisqu’elle permet de plonger un utilisateur dans un environnement 3D par le biais d’un casque VR, de capteurs et éventuellement de manettes pour effectuer certaines actions.

En leur sein, les musées peuvent organiser des projets virtuels visant à immerger les visiteurs dans un univers touchant au thème de l’exposition.

Par exemple, le Musée d’Art et d’histoire de Genève a développé en partenariat avec la Fondation Artanim l’expérience « Genève 1850 ». Grâce au dispositif de réalité virtuelle, les visiteurs se retrouvent au cœur de la ville de Genève au mois d’octobre 1846. L’expérience combine stimulation visuelle, auditive, olfactive mais également tactile, pour encore plus de réalisme.

Dans le même genre, l’expérience « Vivez Versailles » proposée par le château de Versailles et la Fondation Organe font découvrir aux visiteurs « la visite de l’ambassade du royaume de Siam à la cour de Louis XIV, et le Bal des Ifs, organisé par Louis XV ».

Les musées peuvent également développer des applications pouvant être télécharger par les membres du public disposant du matériel VR. Ces applications peuvent par exemple permettre d’effectuer une visite virtuelle du musée, dite visite à 360°, depuis chez soi. Une reproduction 3D du musée donne la possibilité à l’utilisateur de naviguer entre les différentes salles pour admirer la collection.

Le Louvre propose depuis fin 2019 l’expérience « En tête-à-tête avec la Joconde » par le biais de l’application « La Joconde en VR ». Les détendeurs de casque VR peuvent télécharger l’application depuis les plateformes de réalité virtuelle pour « rencontrer » Mona Lisa en personne depuis leur salon.

À noter que certaines expériences et visites virtuelles peuvent également être disponibles depuis un site internet un smartphone via une application. Certes, ce format rend la visite moins immersive, mais il devient plus accessible puisque peu de monde ont un casque VR sous la main.

Si le format de visites à « 360° » permet de créer comme mentionné une réplique des salles de musées, il pourrait également donner la possibilité d’exposer des objets ou des œuvres de manière insolite. Ce type de technologie représente un moyen de présenter des œuvres dans un contexte différent, qui, s’il est bien construit, enrichit le rapport à l’objet.

Conclusion

Ainsi, les technologies innovantes viennent renforcer l’expérience du public, elles offrent un véritable soutien aux musées dans la transmission du savoir et la présentation d’objets, d’œuvres et de documentation.

Les visiteurs peuvent à présent découvrir les expositions à travers des technologies courantes comme leurs smartphones, leurs tablettes et d’autres dispositifs plus singuliers, comme les dispositifs de réalité virtuelle. Par le biais du numérique, le public devient plus actif, plus impliqué dans la découverte du savoir, plus enclin à faire preuve de curiosité, attiré par ces nouvelles technologies.

Aujourd’hui, les musées sont amenés à repenser leur manière de préparer leur exposition, en mettant à profit les innovations afin de proposer toujours plus de moyens ludiques de transmettre le savoir.

Liens utiles

Application mobile pour musées, transmettez le savoir autrement : https://mca-concept.com/musee-mobile/

Sources

Danse, C. [En ligne]. 31 juillet 2014. « La Prédication de Marie Madeleine » a son application ! L’Art de Muser. Disponible : http://www.formation-exposition-musee.fr/l-art-de-muser/1517-la-predication-de-marie-madeleine-son

Smithsonian. [En ligne]. 13 janvier 2015. Smithsonian Brings Historic Specimens to Life in Free “Skin and Bones” Mobile App. Disponible :
https://www.si.edu/newsdesk/releases/smithsonian-brings-historic-specimens-life-free-skin-and-bones-mobile-app

Matthey, D. [En ligne]. 15 avril 2014. La réalité augmentée au service de la sculpture antique
Le moulage d’Achille et Penthésilée de Bâle. MAH Genève. Disponible : https://blog.mahgeneve.ch/la-realite-augmentee-au-service-de-la-sculpture-antique/

Ville de Genève. [En ligne]. 3 février 2021. Plongez dans la réalité virtuelle avec le dispositif «Genève 1850». Disponible : https://www.geneve.ch/fr/actualites/plongez-realite-virtuelle-dispositif-geneve-1850

Club Innovation & Culture France. [En ligne]. 21 novembre 2017. Au musée Albertina de Vienne, les toiles de Picasso et de Monet s’animent en réalité augmentée. Disponible :
http://www.club-innovation-culture.fr/albertina-vienne-realite-augmentee-artivive/

Château de Versailles. [En ligne]. s.d. Réalité Virtuelle, Vivez Versailles. Disponible :
https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/realite-virtuelle-vivez-versailles#laissez-vous-guider

Le Louvre. [En ligne].23 février 2021. La Joconde en réalité virtuelle chez vous. Disponible :
https://www.louvre.fr/en-ce-moment/vie-du-musee/la-joconde-en-realite-virtuelle-chez-vous

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